Hélène Vézier : “Je prie pour Avignon 2021”
Hélène Vézier fait quotidiennement le tour de l’actualité de manière satirique dans son podcast Madame Meuf. Elle est également animatrice radio pour We Art Radio et on pouvait la retrouver, avant la fermeture des lieux culturels, dans son spectacle Madame Meuf Showed au Paris de L’Humour.
Qui est Madame Meuf et quand est-elle née ?
La “maman” de Madame Meuf, Hélène Vézier, est née il y a 41 ans. Elle a donné naissance à ce projet, “Madame Meuf”, il y a 5 ans. À l’origine, Madame Meuf était un blog féminin, qui se voulait résolument cash. Puis c’est devenu en toute logique un spectacle, parce que je viens du théâtre, puis un podcast quotidien produit par Bababam. Le point commun de tous ces moyens d’expression est le désir d’employer un ton à la fois léger mais aussi juste, sans tabou ni langue de bois.
Les politiciens sont souvent qualifiés de “clowns”, vous êtes d’ailleurs vous-même passée de la politique à l’humour. Qu’est-ce qui vous a amené à cette reconversion ?
(Rires) S’ils étaient vraiment clowns, j’y serais peut-être restée ! Ils sont comédiens certes, ils incarnent leurs idées, les mettent en scène. Clown si c’est dans le sens “guignol”, certains le sont, parce qu’ils profitent d’un système où ils n’ont pas assez de comptes à rendre à leurs électeurs, mais ce n’est pas le cas de tous. J’ai quitté ce domaine parce que le désir d’écrire mes textes et de les donner à découvrir était trop fort. J’ai toujours eu un pas de côté et un style propre à moi, il était temps de l’assumer !
Est-ce que vous pouvez nous parler du “pounti” ?
Avec grand joie ! Le pounti est une spécialité du Cantal, dont ma mère est originaire. Une de mes nombreuses madeleines de Proust culinaires… C’est une somptueuse tourte de gras. Du lard gras, des œufs, de la farine, des herbes, et… pour digérer, des pruneaux ! J’en ai parlé dans l’un des épisodes de mon podcast où je faisais du running, et pendant que je courais je parlais de lard gras.
Comment arrivez-vous à jongler avec vos différentes activités ?
Je ne suis qu’au début de mes projets… Je travaille beaucoup, j’ai toujours un œil, une attention à tout, et une note iPhone ouverte avec des idées pour plus tard. Cette curiosité et ce côté multitâche me passionnent, j’ai envie que ça continue comme ça, sans choisir, je veux tout ! Hélas pour le moment les spectacles sont empêchés, mais heureusement le lien avec le public n’est pas rompu grâce à l’audio et aux réseaux sociaux.
Dans votre podcast, vous évoquez votre parentalité (je pense à l’hilarant épisode “Je teste les devoirs des enfants“). N’est-ce pas compliqué d’assumer son côté “bad mom” quand tout le monde prône la “positive education” ?
Globalement la”positive tout” me fatigue ! Il y a beaucoup de client.e.s à ce grand mouvement feel good, dans lequel je ne me retrouve pas du tout puisque je le trouve mensonger, cucul et culpabilisant, voire même arme dangereuse du capitalisme. C’est une injonction à la réussite qui vient coloniser l’intime. Mais je réalise que ma parole franche, qui met un coup de talon dans ces conventions-là, trouve également son public. Il y a beaucoup d’auditrices qui me disent que ça fait du bien d’entendre quelqu’un qui pense comme elles et le dit sans langue de bois. Donc non, j’assume, et d’ailleurs je ne dirais pas bad mom mais mom moderne!
Si vous pouviez voyager dans le temps, que diriez-vous à l’enfant que vous étiez ?
(Rires). Vous voulez que je parle à mon petit enfant intérieur pour le rassurer ? C’est très “positive education” ça ! Je lui dirais forcément des trucs un peu concon qui ressembleraient à du Vitaa et Slimane. Du genre “la peur n’empêche pas le danger, alors n’aie pas peur, ne t’empêche pas, vis à fond (en mettant des capotes et en ne te droguant pas trop quand même !)”. Quelque chose dans le genre…
Si vous étiez l’Oprah Winfrey (ou la Michel Drucker) du podcast, quelle personne adoreriez-vous inviter dans votre podcast et pourquoi ?
Ça voudrait dire que mon podcast finirait par s’appeler Mémé-Meuf si j’étais la Drucker du podcast, j’adore l’idée, je signe direct ! Comme invité idéal… J’aimerais confronter des gens qui n’ont rien à faire ensemble pour que ça parte en grand débat. Genre un pornographe, une féministe, un petit jeune. Sinon en matière de célébrités, quelqu’un dont je suis un peu amoureuse tant qu’à faire…Pio Marmaï, Louis Garrel, Julien Doré, Benjamin Biolay, Guillermo Guiz, Adèle Haenel, Dua Lipa… (oui, je suis une grande amoureuse).
Et pour finir, pourriez-vous nous dévoiler des projets en cours ou à venir dont vous pouvez déjà parler ?
Le plus gros projet serait que les théâtres rouvrent ! Je prie pour Avignon 2021, 2020 m’est déjà passé sous le nez… Sinon que des secrets, dont une nouvelle forme d’écriture pour un autre média pas encore investi, cette fois-ci avec un co-auteur, un mec que j’adore et qui est très complémentaire de moi.
Propos recueillis par Maliga Boyer
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...